"Langage et linguistique dans la science-fiction", de Frédéric Landragin. Editions Le Bélial', collection Parallaxe. Octobre 2018. Pages : 263. Prix : 14,90 euros.

     Le titre pourrait sembler être une blague... mais pas du tout ! D'abord parce que les scientifiques n'excluent pas que, justement, des Extra-terrestres existent dans le vaste univers, et qu'il serait bête de ne pas se préparer à une telle découverte, mais aussi parce qu'ici c'est l'occasion de parler de linguistique ainsi que de s'interroger sur la naissance du langage à la surface de notre bonne vieille Terre. Avec une grande incertitude d'ailleurs puisqu'aucune trace ne peut être trouvée ! A-t-on au départ un (des) proto langages qui a (ont) ensuite évolués ? A-t-on dinventé des gestes pour ne pas faire de bruit durant la chasse et des sons pour communiquer de loin ou la nuit ? La parole est peut être aussi un instrument de cohésion sociale, extension à l'épouillage des grands singes ? Et l'homme est-il programmé pour parler ?
     A partir de livres de sciences fiction et plus concrètement des quelques 7 000 langues terrestres (hors dialectes...) parlées dans le monde, l'auteur nous entraîne dans le monde de la linguistique. L'étude des éléments constitutifs d'une langue, les aspects culturels, les ambiguïtés syntaxiques ("J'ai vu l'homme dans le parc avec un télescope" : c'est l'homme ou moi qui avait le télescope ? et en fait il y a 5 lectures possibles de cette phrase !!!), les problèmes de la référence (indispensables pour se comprendre), les homophones possibles en langue parlée (en français par exemple : vert, vers, verre, vair, qui obligent à être interprétés dans un contexte ; de même pour un avocat : métier ou fruit ?)... sont ici analysés. Le rôle de la mémoire est également important : nous avons une mémoire réduite qui limite récursivité et enchâssements. Des ET à plus forte mémoire pourraient avoir une langue plus complexe possédant de nombreux enchâssements par exemple.
     Des langues qui se veulent universelles ont déjà été créées : le volapük en 1880, l'esperanto en 1887, et, beaucoup plus récemment le lincos (lingua cosmica) du mathématicien Hans Freudenthal, censé permettre de discuter avec les extraterrestres s'il existent.
     La communication à distance serait beaucoup plus complexe et aléatoire que lors d'une rencontre face à face permettant des essais, et des erreurs corrigées.
      Et l'auteur termine en nous indiquant que pour partager notre langage « La ressource humaine la plus utile pour favoriser le déroulement de cette étape pourrait être un imagier pour enfant ou un catalogue de vente par correspondance : non seulement on y trouve de nombreux objets de la vie courante, mais en plus il y a leur nom ! »

     Cet ouvrage est intéressant, mais l'étude de la linguistique ne le rend pas forcément accessible au très grand public. Par contre, parfait pour les passionnés de science-fiction ... ou de linguistique.