De Pascal Picq, Editions Odile Jacob, octobre 2020. Pages : 456. Prix : 22,90 euros.

Dans un ouvrage précédent (« Nouvelle histoire de l'homme »), Pascal Picq notait que « l'évolution de l'Homme (avec un grand H) reste une évolution de l'homme (avec un petit h) tant qu'elle ignore celle des femmes ». Ici, l'auteur s'interroge sur la violence dans nos sociétés, et principalement celle dirigée contre les femmes. Problème de culture ? De gènes ? Un mixte d'influences diverses dont celle de l'environnement ? Quel est le rôle de la biologie et de l'évolution ?

Le comportement des primates et des grands singes actuels peut-il nous donner des informations sur celui des anciennes cultures plus proches de nos origines, Australopithèques, Neandertal, homo erectus, …, sapiens ? (c'est l'objet des premiers chapitres).

La coercition sexuelle est examinée en détail sous toutes ses formes, qu'elle soit directe ou induite, et les stéréotypes habituels issus des 19e et 20e siècles sont balayés par des études plus scientifiques, de même que les biais courants basés sur des comparaisons avec l'époque actuelle. Ainsi il y a encore peu de temps, il était courant de voir nos ancêtres lointains établis en copie conforme des actuels « peuples autochtones » (appelés aussi souvent « premiers ») pourtant aux mœurs très divers, avec une vision à la fois de « barbares » ou de « sauvages » et parfois, au contraire très idéalisés (le "bon sauvage"). Mais l'auteur indique : « En ce qui concerne les violences et les conflits, ; les sociétés traditionnelles présentent, en moyenne, des niveaux de violence comparables à ceux des chimpanzés et de nos sociétés actuelles. » (attention, j'insiste bien, en aucune façon, les peuples premier ne sont assimilés par l'auteur à des chimpanzés ! Il s'agit de comparer des violences). D'autre part, les diversités d'autrefois n'étaient probablement pas identiques à celles que l'on trouve aujourd'hui sur Terre, et tenter des analogies avec aujourd'hui pose de nombreux problèmes entre autre parce que les transitions sont rarement linéaires « Comme dans l'évolution, il y a des parallélismes, des diversités, des convergences, des disparitions, des régressions. »

Au final, les premières sociétés de sapiens ressemblaient-elles à celles, machistes, des Chimpanzés/et comparables à la vision de Hobbes, ou féministes des Bonobos/et comparables à la vision de Rousseau ? En réalité Pascal Picq précise que ce ne sont que les deux bornes extrêmes de nombreux possibles. Pourra-t-on en savoir plus ? Ce n'est pas certain car « Les violences physiques et les massacres laissent plus de traces que les mœurs égalitaires et pacifiques. », et donc risquent de sembler majoritaires (mais peut-être faussement...).

Aussi intéressant que dense ! Un livre qui permet d'échapper aux stéréotypes anciens qui perdurent hélas aujourd'hui encore souvent dans le grand public, et même parfois chez certains chercheurs... Un livre pour aborder l'évolution de l'être humain dans lequel la femme n'est plus ni oubliée ni dévalorisée.