« La vie invisible des plantes révélée par les sciences », de Delphine Arbelet-Bonnin et Lucia Sylvain Bonfanti, illustrations de Claire Martha, Éditions Ulmer, septembre 2025. Pages : 209. Prix : 26 euros.
Dans notre culture occidentale, l’anthropocentrisme (et donc une prétention sans limite…) nous a conduit à considérer qu’une échelle du vivant existait et que nous en étions le sommet. Dans d’autres cultures au contraire nous ne sommes qu’un élément au final bien banal et, par exemple, les autrices indiquent que pour les indiens achuars d’Amazonie le manioc est même considéré comme « un membre de la famille ». La science, aujourd’hui, donne raison aux « peuples premiers » dont le « savoir être » était bien plus modestes et qui ne se voyaient qu’en harmonie avec le reste de la nature.
Ce livre, basé sur nos connaissances actuelles sur les plantes (et parfois anticipées par celles d’ancien(ne)s scientifiques), nous montre combien au final celles-ci nous ressemblent (ou plutôt nous leur ressemblons puisqu’elles sont arrivées avant nous sur Terre et que nous avons un ancêtre commun, le fameux LUCA, « last universal common ancestor », ou, en français, le « dernier ancêtre commun universel » …).
Les plantes respirent, se reproduisent, échangent avec leur milieu et entre-elles, le transforment, s’adaptent et donc « ressentent », etc.
La communication n’est pas limitée à nos modes de fonctionnement visibles traditionnels, mais une chimie invisible, des échangent en partenariat avec des bactéries, des champignons, etc. sont tout aussi efficaces que nos modes de communication entre humains.
Les autrices expliquent nos relations anciennes et actuelles avec les plantes (pour se soigner, en tant qu’objets rituels, dans l’art, …), et nous les présentent dans leurs divers environnements qui vont des déserts aux zones glacées.
Certaines sont sensibles au toucher, aux agressions, se font guider par la lumière ou la gravité, elles ressentent les vibrations (« les racines du maïs se dirigent vers le son de l’eau » par exemple), peuvent être anesthésiées (et perdre ainsi momentanément leurs réactions), certaines sont carnivores, apprennent sans cerveau, reconnaissent celles de leur lignée (« lorsque les arabettes sont génétiquement proches : les feuilles s’orientent pour ne pas se chevaucher »).
Les plantes ne sont pas, comme le voudrait une vision simpliste, objets de décors, de nourriture et de soins, mais elles sont partie prenante et indispensable de la totalité de la vie terrestre, et tout comme nous, même si c’est de manière différente, elles sont sensibles et réactives. Nous ne sommes pas « en cohabitation » lointaine, nous sommes réellement liés.
A la fois « beau-livre » (nombreuses photos et illustrations) et outil de connaissances, « Sensibles par nature » nous montre combien les plantes sont proches de nous, et combien leurs relations sont complexes entre-elles et avec leur environnement. Après une telle lecture, vous ne verrez plus les plantes avec le même regard ! Et vous en viendrez à ne plus vous moquer des personnes qui leur parlent…