de Jean-Luc Chappey, Editions La Librairie Vuibert. Pages : 313. Parution : le 28 janvier 2020. Prix : 21,90 euros.

     L'instabilité de l'époque a fait, parfois, penser que les scientifiques (appelés autrefois les "savants") avaient été mis de côté. Il n'en a rien été, bien au contraire, un véritable foisonnement de projets et d'études ont été lancés avec des ambitions universelles.
     Jean-Luc Chappey nous décrit les avancées, les essais,
les utopies, mais aussi les reculs, les erreurs, qui ont parsemé ces années turbulentes.
     La révolution devait permettre de "régénérer" les populations, de créer des "hommes nouveaux", des citoyens libres et égaux, en utilisant l'instruction et en luttant contre superstitions et fanatismes, avec l'espoir de mener au progrès et au bonheur. Des chimistes renommés, des physiciens, des géographes, des médecins, des chirurgiens, des astronomes, etc. devaient former le peuple. La science avait donc un rôle central et les scientifiques participaient au pouvoir.
      Inventaire des richesses de la France métropolitaine et de ses colonies, projet de langue universelle, intégration des handicapés dans la nation (les "fous" deviennent des malades, éducation des sourds, etc.), explorations lointaines, unification des mesures (mise en oeuvre du mètre) et bien d'autres choses ont permis de grandes avancées. Même la guillotine avait été inventée afin de disposer d'un instrument qui se voulait "propre" et "rapide" dans l'exécution des condamnés, alors que les bourreaux se "rataient" parfois....
     Les grandes explorations se voulaient pacificatrices, libératrices, civilisatrices... mais étaient aussi l'occasion de pillages sous prétextes de "(...) présents offerts par les peuples libérés afin d'honorer la capitale républicaine, "nouvelle Athènes" et "patrie de la liberté"." ainsi "Paris devient la capitale scientifique du fait de la concentration de ces nombreuses collections." écrit l'auteur.
      Bien entendu tout n'était pas progrès ! Penser reconnaître visuellement un criminel par la forme de son crâne et les traits de son visage n'était pas pertinent, l'éducation et la formation des instituteurs d'abord instaurée s'est vue limitée dès le Directoire, l'enseignement élémentaire étant alors laissé aux mères de familles de par le "principe d'éducation domestique", et, finalement, c'est une élite intellectuelle qui s'est reconstituée à l'inverse des grandes idées de départ. Probablement inévitable. Jean-Luc Chappey conclut "Hier comme aujourd'hui, la question du rôle des savants est incontournable dans la construction d'un espace politique, démocratique et républicain.".

     Pour les personnes intéressées par la science et par l'histoire. Très documenté, vraiment excellent.